samedi 7 août 2010

Dubaï : histoire d'une crise

Quand on dit que les Emirats sont riches, ce n'est pas exactement vrai. En fait, seul l'émirat d'Abu Dhabi a du pétrole.

 

Les Emirats du Nord (Ajman, Sharjah, Ras Al Khaïmah, Umm al Quwaïn et Fujaïrah, rien que des noms sympas) n'ont jamais mené un train de vie débridé. Tous (à l'exception de Sharjah, qui fait un peu de résistance) ont largement bénéficié du soutien d'Abu Dhabi, qui possède à peu près toutes les institutions dans ces émirats.

 

Pour Dubaï, c'est différent. Ils ont eu du pétrole, sont issus d'une très grande famille, et veulent à tout prix exister face à Abu Dhabi. Quand le pétrole est venu à manquer, il fallait trouver autre chose ; c'est là qu'ils se sont lancés dans cette folie constructrice que l'on connaît : les palmiers sur l'eau, les gratte-ciel immenses...

 

Construire, c'est bien beau, mais il faut de l'argent. Une fois l'argent du pétrole épuisé, il fallait encore trouver d'autres ressources. Dubaï a donc décidé d'ouvrir les investissements aux étrangers, notamment dans l'immobilier ; auparavant, seul l'état et les Emiratis pouvaient acheter des logements. Ca a eu l'effet escompté ; les investisseurs sont venus par milliers et les bâtiments ont poussé comme des pâquerettes (qui elles, n'ont jamais poussé aux Emirats).

 

Mais les investisseurs occidentaux étaient plus attirés par l'attrait financier que par un logement aux Emirats. Une fois les logements construits (et encore, parfois même avant qu'ils soient finis), ils revendaient le bâtiment, réalisant ainsi une plus-value intéressante. Les acheteurs revendaient aussitôt et ainsi de suite, entraînant une spirale des prix vertigineuse.

 

Jusqu'au jour où ce qui devait arriver arriva ; les investisseurs ont commencé à se méfier, à ne plus acheter, et on s'est rendu compte que le prix auquel ils avaient acheté les logements était largement surévalué. Crise de confiance, patatra, les prix dégringolent, plus personne ne veut acheter : les malchanceux qui ont acheté en dernier se retrouvent ruinés... On avait beaucoup trop construit, sans même se demander si on avait vraiment besoin de tout ça.

Résultat ; aujourd'hui, on estime à plus de 50 000 le nombre de logements inoccupés à Dubaï. 

 

Les statistiques officielles disent que tout va bien, et que ça va repartir, mais en coulisse, on estime à 5 ans minimum le temps qu'il faudra pour résorber le surplus. Dubaï, fort dépourvu, vient demander l'aide de la fourmi sa voisine (Abu Dhabi), qui travaillait aux temps chauds. Trop heureuse de pouvoir prêter à cette emprunteuse, la fourmi fait chanter la cigale dubaïotte, et négocie tranquillement le rachat de Dubaï (c'est pour ça que le Burj Dubaï, le building le plus haut du monde, s'appelle désormais Burj Khalifa, du nom de l'émir d'Abu Dhabi).

 

Abu Dhabi, qui n'a que très peu ouvert son marché aux investisseurs européens (seuls les logements sur deux petites îles d'Abu Dhabi peuvent être achetés par des étrangers), et qui, surtout, a du pétrole et n'a construit que ce dont il avait besoin (avec une notion du besoin un brin différente de la nôtre, cela dit), ne risque absolument pas de voir une telle crise arriver.

 

Retrouvez cet article "Crise du logement à Dubaï" et beaucoup d'autres sur le site Tout sur les Emirats arabes unis.

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