samedi 9 octobre 2010

... mais rien qu'un petit air.

(Pour comprendre cet article, il vaut mieux lire l'article précédent, sinon on ne comprend rien et après on est énervé....)


Malgré tout, il y a entre la France du XVIIIe et les Emirats arabes unis d'aujourd'hui quelques différences fondamentales, qui font que le pays ne risque que très très peu une révolution. Et heureusement d'ailleurs ! 
  • Tout d'abord, le "Tiers-Etat" n'est pas dans son pays. En ce sens, les Indiens et les Pakistanais ne sont que peu concernés par l'avenir du pays, on pourrait même dire qu'ils s'en tamponnent l'oreille avec une babouche. Ce pays n'est pas le leur et peu de gens sont près à risquer leur liberté ou leur vie pour un pays qui n'est pas le sien. Et ils sont toujours libres de retourner dans leur pays d'origine.

 

  • Ensuite, les conditions de vie aux Emirats arabes unis, aussi peu drôles qu'elles soient, sont meilleures que dans leur pays d'origine ; c'est d'ailleurs pour cette raison précise qu'ils sont venus ici. Avec leur maigre salaire des Emirats, ils peuvent quand même faire vivre leur famille entière en Inde et au Pakistan. Donc ils ne se plaignent pas, car ils savent que cela pourrait être pire.

 

  • Enfin, les Emiratis sont parfaitement conscients des dangers qu'ils encourent, et surveillent de très près le niveau de mécontentement du Tiers-Etat. Lors de la crise financière de Dubaï, certains ouvriers n'ont pas été payés par leur entreprise, et ont manifesté dans les rues. C'étaient les premières manifestations publiques de l'histoire des EAU. Immédiatement, une loi a été passée obligeant les entreprises à payer les salaires des ouvriers un mois à l'avance sur un compte d'une banque gouvernementale, pour garantir que les salaires soient en effet versés.  Les Emiratis veillent également à garder un niveau de chômage très bas, en renvoyant les chômeurs dans leur pays d'origine s'il le faut, de sorte à garder une quantité très faible de population mécontente. 

 

En gros, les Emiratis manient admirablement bien une répression sévère et une certaine "acceptabilité" des conditions de vie des travailleurs.

 

Pour l'instant, aucun signe de mécontentement ou de soulèvement, même le plus léger. Pour l'instant aussi, l'argent coule à flot, et la croissance économique est au rendez-vous. Pour l'instant toujours, les Indiens et Pakistanais trouvent aux Emirats arabes unis des meilleures conditions de vie et des salaires bien plus haut que chez eux. Pour l'instant enfin, les Emiratis ont une police performante en matière de contrôle, de surveillance et de répression. Donc aucune chance de révolution... pour l'instant.

 

Et dans 30 ans, quand des Indiens seront nés aux Emirats et considéreront ce pays comme le leur ? Et dans 50, quand le pétrole commencera enfin à se faire rare (inch'allah) ? Et qui sait ce qui peut se passer jusque là ? Qui sait, peut être que 1789 n'est pas si loin...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos petits commentaires sont les bienvenus. Merci !