mardi 14 décembre 2010

Jordanie (1/3) : la mer morte

Une petite route qui serpente à travers les montagnes. Une petite route qui descend. Qui descend et descend encore. Qui descend jusqu'au point le plus bas du monde, à 422 mètres en dessous du niveau de la mer.
On est tellement bas que la concentration en oxygène y est la plus élevée au monde, et que le risque de coups de soleil y est très faible. 
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Au cours de la descente, on découvre cette mer... Enfin, une mer ; un grand lac tout au plus. Coincée entre la Jordanie et la "Palestine occupée" (il y a des pays où il ne fait pas bon l'appeler Israël), ce petit bras d'eau mesure 10 kilomètres de large sur environ 40 kilomètres de long. 
Et la mer morte est bien morte, et même morte à tous points de vue.
 
Morte d'abord, parce que la densité en sel y est telle qu'aucun organisme ne peut survivre dans ses eaux. Alors que l'eau de la mer est salée à environ 3%, celle de la mer morte a une salinité de près de 30%, proche de la saturation. Du coup, la masse volumique de l'eau est bien plus élevée que d'habitude, et le corps humain y flotte parfaitement (grâce au principe de ce bon vieil Archimède, à qui je vous conseille d'aller poser des questions si vous vous interrogez sur ce phénomène). 
On peut en effet tenir debout dans l'eau et en sortir le torse et les épaules, ou lire un journal sans problème ; aucun effort à faire pour garder la tête hors de l'eau. Et heureusement, parce qu'à une telle salinité, ça pourrait être dommageable pour les yeux et les muqueuses du nez et des oreilles. On se rend vite compte que le sel attaque la peau. La sensation est vraiment impressionnante.
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Morte aussi parce que le fleuve qui l'alimente, le Jourdain, est surexploité. Il ne déverse aujourd'hui que 10% de son débit initial dans la mer morte, qui à cause d'une évaporation forte, diminue de jour en jour. Son niveau baisse environ d'un mètre par an ! 
Il existe un projet pour tenter de la sauver. Il s'agirait de creuser un canal entre la mer rouge et la mer morte, ce qui pourrait enfin faire remonter son niveau. L'eau de ce canal et sa forte différence de niveau permettrait également de produire de l'électricité hydraulique, donc peu polluante, à grande échelle. Mais pour l'instant, les relations franchement chaleureuses entre Israël et la Jordanie ont tendance à enflammer un peu le projet.
 
Morte enfin, parce que de part et d'autres se situent des pays qui ne s'apprécient pas franchement, des territoires palestiniens (la Cisjordanie) en attente d'un statut, et des armées qui grapillent chaque parcelle de terre disponible au fur et à mesure que la mer se retire, tout en se rejetant l'un l'autre la responsabilité de sa disparition annoncée.

Une ambiance joyeuse, donc, qui n'empêche cependant pas les touristes d'expérimenter une flottaison parfaite, mais en voie de disparition. 

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